Au milieu des super productions monumentales disséminées dans la ville et des gigantesques œuvres importées des quatre coins du monde pour être exposées d’avril à novembre dans la lagune, là où convergent des milliers de professionnels du monde de l’art et autres visiteurs de tous les continents, la première participation du Vatican à la Biennale invite à une certaine humilité. Certes, les artistes invités pour l’occasion pourraient en imposer par leur renommée, mais les œuvres qu’ils ont confectionnées pour la prison des femmes de la Giudecca l’ont été avec la complicité et la participation de la population locale. Rare initiative tournée vers et pour les publics de la plus ancienne manifestation artistique d’Europe, elle a été menée avec une dizaine de détenues volontaires. Trois d’entre elles invitent des groupes à déambuler dans la prison. Ici et là, elles évoquent les poèmes qu’elles ont écrits avec Simone Fattal, ce néon que Claire Fontaine a installé dans leur cour et qu’elles sont les seules à voir s’illuminer la nuit, ou encore ces sérigraphies de Corita Kent dont la lutte pour l’émancipation des femmes fait écho à certains de leurs parcours. Entre voyeurisme d’un lieu de réclusion sujet à mille fantasmes et expérience de mesure de la liberté – celle que l’on a et celle que l’on a ôtée –, l’expérience est pleine d’ambivalence mais l’on ne peut que croire sur parole celles qui ont été nos guides pendant quarante minutes, quand elles racontent qu’elle fut pour elles pleine d’espoir.