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Horya

Makhlouf

Horya Makhlouf

Horya Makhlouf
Horya Makhlouf © Antoine Aphesbero.

Critique d’art et commissaire d’exposition, coordinatrice artistique au Palais de Tokyo

Publié le 06/05/2024

Pendant la Biennale, Le Grand Tour invite les commissaires à partager leurs highlights des expositions à ne pas manquer si vous êtes de passage… 

Carte venise biennale 2024 Horya Makhlouf

Nebula
→ Présentée par la Fondazione In Between Art Film
Huit commandes de films en rapport avec l’architecture de cet ancien hôpital ont été passées à une superbe sélection d’artistes et de duos. De la chapelle à d’anciennes chambres de patients, en passant par des bureaux vidés de toute présence médicale, les publics défilent le long des murs capitonnés, insonorisés ou enveloppés de tissus, pour rencontrer les imaginaires déployés en magnifiques images et installations vidéo. La scénographie, le lien avec l’architecture et les productions ambitieuses des artistes subjuguent les sens et servent avec brio les fragmentations, exils et trajectoires contés par les artistes à chaque étape. 
◼︎ Complesso dell’Ospedaletto, Barbaria de le Tole, Castello 6691

 

Yuan Goang-Ming: Everyday war 
→ Présentée par le Taipei Fine Arts Museum (Taiwan Collateral Event)
Des bruits de vaisselle brisée et des éclats de verre, un cri tonitruant et un vrombissement inquiétant accompagnent, dès l’escalier, la montée des marches qui nous mènent jusqu’à la salle investie par l’artiste Yuan Goang-Ming et la curatrice Abby Chen. Au bout du chemin, la fin du monde. Entre fiction apocalyptique et documentaire de l’occupation récente du parlement taïwanais par des étudiants, les vidéos, majestueuses, sèment le doute : que ferons-nous quand nous y serons ?
◼︎ Palazzo delle Prigioni, Catell, 4209, San Marco

 

The Neighbours 
Une odeur de vieux meubles et d’époque lointaine se dégage du pavillon bulgare, où trois espaces domestiques et hybrides ont été arrangés par les artistes et curateur. Dans la nostalgie d’abord apparente de temps disparus, sourdent des voix tremblotantes, hésitantes ou graves, qui émanent d’un sonophone, d’une radio ou d’une télévision cathodique. Ce sont celles de prisonniers politiques, témoins ou victimes des violences d’un régime communiste à l’histoire encore sombre et manquante. Dans les tiroirs ou les bibliothèques, autour d’un lit de camp ou de paysages végétaux, sont disséminés des indices, des sources et des vestiges d’une histoire que chercheurs et artistes se sont évertués à faire émerger subtilement. Enfouis dans le quotidien le plus domestique, les traumatismes et les souvenirs se dévoilent dans une superbe, humble et pudique alliance de l’art et de la recherche.
◼︎ Pavillon national de la Bulgarie, Sala Tiziano – Centro culturale Don Orione, Artigianelli, Fondamenta delle Zattere ai Gesuati, 919

 

Dread Scott: All African Peoples’ Consulate
Le White Cube partage visiblement plus en commun qu’on ne l’aurait cru avec la salle d’attente d’un consulat. Aux antipodes de l’un comme de l’autre, le passage et le bureau investis par Dread Scott délivrent un document en forme de vœu, qui permettrait, sinon d’abolir les frontières, du moins de les désamorcer. Si vous lui dites d’où vous venez, où vous allez et pourquoi faire, le pseudo-fonctionnaire qui vous recevra en rendez-vous vous délivrera un passeport ou un visa, pour circuler librement dans les territoires panafricains du futur. 
◼︎ Castello Gallery, Castello 1636/A

 

Shahzia Sikander: Collective Behavior
Une statue de femme cosmique – divinité du futur, du passé, ou peut-être des deux en même temps – attend, à l’entrée du magnifique Palazzo Soranzo Van Axel, que les visiteurs montent les marches qui les mèneront jusqu’aux travaux de trois décennies de Shahzia Sikander. Miniatures, tapisseries et assemblages fleuris et colorés y hybrident des cosmologies sud-asiatiques, techniques picturales contemporaines et motifs issus de la miniature indo-persane, qui s’assemblent aux strates du temps imprimées sur des murs vénitiens typiques. Une rare et belle occasion de rencontrer les multiples talents de compositrice de cette artiste pakistanaise aujourd’hui installée à New York mais encore peu visible en Europe.
◼︎ Palazzo Soranzo Van Axel, Fondamenta Van Axel o de le Erbe, Cannaregio 6099