Si vous pensiez connaître l’œuvre de Pierre Huyghe (1962, Paris), soyez prêts à perdre tous vos repères. Entrant dans l’exposition, la vue se trouble, tandis que l’on avance à tâtons dans un univers fictif imaginé par l’artiste, où les formes humaines, non-humaines et post-humaines émergent dans une atmosphère énigmatique et hypnotique, presque inquiétante. Impossible de déterminer dans quel monde parallèle on se trouve, tant le rapport à l’espace est bouleversé, décuplé. Révélées au Centre Pompidou puis à la Bourse de Commerce, des œuvres plus anciennes côtoient les créations récentes de l’artiste dans un environnement multisensoriel inédit. Jouant sur les échelles de perception, Pierre Huyghe guide le spectateur à travers les anciennes douanes de Venise rénovées par l’architecte Tadao Andō. Mêlant installations, sculptures et vidéos, l’exposition donne à voir des formes humanoïdes qui n’en sont pas, tandis que le son ponctue le parcours. Inattendue, Liminal plonge le spectateur dans des espaces-temps autres, à la lisière de futurs dystopiques qui nous renvoient constamment à nos propres réalités.